samedi 26 janvier 2008

La ferme africaine




La ferme africaine
Karen Blixen
Édition Gallimard

Afrique du sud, début du XXe siècle. Sur les terres sauvages du Kenya, non loin de la capitale Nairobi, se trouve la ferme de la baronne Blixen. C’est aux pieds des montagnes du Ngong, que cette femme cultive, avec l’aide de « ses » Kikuyus, les grains de café. Pendant plusieurs années, elle parviendra à faire fonctionner et même fructifier sa plantation et ce, malgré une altitude peu propice à ce type de culture. Au rythme des sécheresses et de la saison des pluies l’isolement et la solitude de la baronne seront entrecoupés des visites de ses fidèles amis Berckley et Denys Finch Hatton.


Au fils des pages, l’auteur nous dévoile ses observations sur ce pays « éloigné », mais surtout sur ses habitants ; leur mode de vie, leur quotidien, leurs lois ancestrales et leur histoire. À travers la vision du monde des Kikuyus, l’auteur nous dévoile la dualité des cultures, des histoires et des mentalités qui séparent l’Afrique de l’Occident.

Véritable recueil ethnologique, aux images poétiques, ce livre nous dévoile la richesse et la sagesse d’un peuple trop souvent méprisé : « Ils ne jugent pas ; mais comme ils sont observateurs, c’est la somme de leurs observations qui déterminera l’opinion qu’ils auront de vous (…) Donc, si les indigènes éprouvent de l’amitié ou de la considération pour vous, ce n’est pas en raison de ce que vous faites pour eux, mais en raison de ce que vous êtes. ». Ce mode de vie, si contrastant avec celui des occidentaux, n’en demeure pas moins admiré, sinon glorifié, par l’écrivaine : « Si vous donnez votre cheval à garder à un indigène, pendant que vous faites une visite, inutile de vous hâter, son visage vous dira qu’il ne souhaite aucunement que la visite soit rapide. Loin de chercher à occuper un loisir imprévu, il s’assiéra et se contentera de vivre».

Dans ce livre, Karen Blixen nous offre une vision particulière, intime et personnelle de son expérience africaine. En partageant les souvenirs de ses safaris, les récits de ses amis européens, et la vie au quotidien dans son domaine, elle nous fait découvrir les parfums singuliers du terreau africain. Toutefois, avoir une ferme en Afrique c’est aussi faire face aux imprévus d’un pays aride et cruel et Karen Blixen l’apprendra à ses dépends. Malgré ses efforts pour maintenir une production efficace, les désastres s’abattront sur sa ferme. D’abord le temps des pluies qui tardera à venir nourrir la terre, puis la chute du prix du café sur le marché international. Cependant, le coup fatal viendra d’une invasion meurtrière de sauterelles, qui dévasteront tout sur leur passage. Contrainte de vendre ses terres, sa ferme et ses biens, l’écrivaine trouvera malgré tout le temps pour trouver une terre à ses Kikuyus forcés de quitter le domaine. C’est sur cette note de dévotion, d’entraide et d’amertume que se termine, non sans regret, La ferme africaine.



Pour ceux et celles qui ont visionné le film Out Of Africa, vous ne retrouverez pas dans le roman de Blixen, l’histoire d’amour entre la Baronne et Denys Frinch Hatton, ni cherchez pas non plus la trace de son mari, qui dans le livre est tout simplement absent ! Toutefois, comparativement au film, vous trouverez dans le roman des informations d’une grande richesse sur les diverses tribus africaines ainsi que sur leurs coutumes, leurs lois et leurs pensées. À qui veut découvrir l’Afrique, avec sa mosaïque de cultures, et les impacts sociales des multiples colonisations, ce livre vous charmera et suscitera peut-être l’envi de découvrir par vous-même le paradis terrestre qu’est l’Afrique.

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